Nouvelle - Pastiche de Dan Simmons

tribalwars Mer 15 Oct - 23:23

Voici la nouvelle que j'ai écrite (il y a des fautes et elle est pas retravaillée mais bon...) ;

Dès que le bruit de la cloche accrochée sur la porte retentit, Alan Moore sursauta, puisque personne n’était attendu avant 15h30. Il était 13h46. Alan avait décidé de combiner travail et paresse, installant son bureau dans l’ancienne salle d’exercice de Michelle, son ex-épouse. Il avait décidé que cette pièce de la maison ne servirait plus. Puis l’avait transformé en espace de travail deux ans plus tard, par manque d’espace. L’idée de se retrouver dans cet endroit qu’avait si souvent fréquenté l’instigatrice de son divorce avait provoqué en lui le dégoût, mais il avait dû se résigner à s’y installer. On entendit le plancher craquer, puis une voix appeler : « Il y a quelqu’un? ». « Un autre geignard », pensa Alan, presque tout haut. « Au bout du couloir », indiqua-t-il enfin à l’étranger, après l’avoir fait patienté une bonne minute sur le tapis d’entrée. On avait averti Alan durant ses cours qu’il aurait à faire face à des situations de détresse très intense de patients suicidaires, rongés par la culpabilité, qui trouvaient que leur vie n’avait aucun sens, mais rien ne l’avait préparé au piètre état de son visiteur. Sa détresse se manifestait tout d’abord par son apparence. Ses vêtements sales, couverts de cernes, de taches, mais surtout d’urine. On en sentait par ailleurs l’odeur distinctive. Son visage crasseux, les cernes très prononcés sous ses yeux, l’absence de vie dans son regard, sa peau blême. Puis, ce qui troubla et fit s’intensifier le rythme cardiaque d’Alan, les nombreuses plaies, coupures, marques de lame, partout sur la peau visible de l’homme qui se trouvait face à lui. La détresse fut aussi annoncée par la voix caverneuse qui lui adressa la parole. « J’ai besoin de vous, ils vont revenir. »

Le jeune Moore a 10 ans. Il joue dans la cour de son école située dans l’est de Greely, entre Cheyenne et Denver. C’est la première fois qu’il participe au jeu à la récréation. Tout va bien jusqu’à ce qu’il reçoive le ballon en plein dans la figure, le faisant tomber et ses lunettes se brisant sur l’asphalte par la même occasion. Ce qu’il craignait arrive. Toute la classe se met en cercle autour de lui et commence à rire timidement, puis ouvertement. Tous ces rires méchants et cette angoisse le font pleurer. On l’appellera par la suite « Petit merdeux » jusqu’à la fin de ses études secondaires.

Alan était bouche bée. Il hésita entre répondre calmement à l’individu et se saisir du téléphone pour appeler la police sur-le-champ. Il finit par s’emparer du combiné. Pendant qu’il donnait les coordonnées de son domicile avec une voix cassée, l’homme devant lui ne semblait pas comprendre la situation et le regardait avec un regard persistant. On entendit des bruits stridents de sirènes quelques minutes plus tard. Lorsque trois agents cognèrent à la porte avec fracas, Alan alla leur ouvrir, puis les amena dans son bureau, là où se trouvait l’étranger. « On s’en occupe. », finit par conclure un des policiers. C’est ainsi que l’étranger quitta la demeure de Moore, accompagné des trois agents. Il n’eut plus de nouvelles de l’homme-cadavre pendant plusieurs semaines.

C’est un après-midi pluvieux d’octobre que le téléphone sonna, tirant Alan de sa sieste quotidienne. Il répondit : « Alan Moore, psychiatre, que puis-je pour vous ? ». « J’aimerais vous rencontrer le plus tôt possible, c’est très urgent, ils vont revenir d’un jour à l’autre. ». Moore figea sur place. Il avait réussi à oublier l’homme dont il avait reconnu la voix. Comme un écho dans une grotte. Cette même voix lui avait tourmenté l’esprit durant maints jours. Au début indifférent à la demande de l’homme, il avait fini par s’interroger sur son cas. C’était la première fois qu’une personne qui venait à son bureau suscitait en lui une réflexion intéressée. « Qui êtes-vous ? », finit par répondre Alan. « Pas le temps pour les présentations, vous devez les arrêter, les empêcher de revenir. ». « Passerez-vous à mon bureau prochainement ? », demanda-t-il sans attendre de réponse. « Non ce n’est pas certain qu’ils sauront où je suis ». « Où dois-je vous rencontrer alors? ». « 247, Homestead Road à 19h00, demain soir ». « Dois-je apporter quoi que ce soit ? ». « Non, venez seul ». « Très bien. ». Alan raccrocha, se demandant s’il avait pris la bonne décision en choisissant de rencontrer cet homme. Mais la tentation était trop grande. Ce métier ne lui avait offert que des femmes pleurnichardes, des hommes alcooliques, des adolescents dépressifs, voilà enfin la chance de changer la routine. Il ne raterait pas cette occasion.

Il était 18h43. Alan s’apprêtait à quitter. Décidemment, jamais il n’aurait dû accepter de rencontrer l’homme dont il ne connaissait toujours pas le nom. L’angoisse était à son comble. Il ferma la porte avant à double tour et vérifia trois fois pour s’assurer que personne ne pourrait entrer. Il avait déjà été cambriolé, pas question de laisser quiconque pénétrer chez lui une seconde fois. Il entama la marche – puisque c’était tout près de chez lui – jusqu’à l’adresse que lui avait indiqué l’étranger. Il arriva neuf minutes plus tard et constata que l’immeuble qui lui faisait face avait plutôt bonne allure. « Une maison comme une autre », pensa-t-il. Il cogna, attendit de longues minutes, ce qui ne lui plu pas, étant donné la fraîcheur à l’extérieur. Il n’était pas habillé pour y rester très longtemps sans ressentir la désagréable chair de poule.

Alan a 16 ans. Depuis le début de l’été, une jeune femme avait attiré son attention. C’est maintenant qu’il se décide à l’aborder. Il cogne à la porte du logis du directeur de son école. Une femme lui ouvre. « Probablement sa mère », pense le jeune Alan. « Bonjour, est-ce que je peux t’aider ? », demande-t-elle avec une voix fluette. « C’est que j’aimerais parler à Michelle, s’il vous plaît ». « Une minute ». Puis sa mère disparaît du cadre de porte et on l’entend appeler sa fille d’une voix moins doucereuse qu’avec Alan. Puis, Michelle apparaît. Alan la regarde et constate qu’il n’a jamais vu pareille beauté. « B...B...Bonjour Michelle ». Elle rit timidement. Ils se fianceront six ans plus tard.

On ouvrit. Moore reconnut l’inconnu. Ce dernier lui fit signe d’un geste de main rapide d’entrer. Alan pénétra par la porte entrebâillée et vit l’homme observer en dehors à gauche puis à droite plusieurs fois avant de refermer, comme s’il guettait l’arrivée de quelqu’un. « Montez à l’étage. C’est la première porte à gauche. », chuchota l’inconnu. Alan observa la noirceur qui était omniprésente dans cette maison. Toutes les fenêtres étaient couvertes d’un rideau ou d‘un sac de poubelle noir. Il en était de même pour les portes. Il y avait une nette odeur de renfermé et une humidité étouffante qui enveloppait chaque parcelle du corps d’Alan. La respiration était difficile. Le temps était comme suspendu. Il monta les escaliers lentement, puis tourna à la première porte à gauche. Dans cette pièce, il remarqua tout d’abord tout ce qui s’amoncelait sur le plancher. Couteaux, rasoirs, tournevis, vêtements. Mais aussi des tâches de sang séché, des flaques d’urine, certaines plus fraîches que d’autres. Puis, les dessins sur les murs. Des créatures, des bêtes, des démons qui s’entremêlaient pour former une tapisserie infernale. « C’est ici qu’ils viennent », dit l’homme, qui venait d’apparaître dans la pièce. Alan sursauta. « C’est ici qu’il viendront ce soir, pour la dernière fois. ». « Qui donc ? », demanda Alan, dont l’inquiétude ne faisait que monter. C’est alors qu’il aperçu ce que l’homme cachait derrière son dos depuis qu’il l’avait rejoint. Il n’eut pas le temps de réagir, puisque celui-ci l’assomma avec le chaudron au moment même où Alan réalisa ce qui devait arriver.

Alan Moore se réveilla ligoté sur une chaise, dans la même pièce où il avait été heurté violemment au crâne. Il se souvenait de tout. « On m’a d’abord trouvé anormal », commença l’étranger. Alan frissonna. « Puis vers l’adolescence, on me traita de fou. Tout ça parce que je voyais et j’entendais des choses que les autres ne voyaient et n’entendaient pas. Je me retirai du monde, mais ils continuèrent à me persécuter, pas les autres ignorants, mais eux, ceux que je suis seul à voir. ». Alan eut un haut-le-cœur, mais il comprit l’homme. « Je revint vivre en société, croyant qu’on m’aiderait à me départir d’eux. Mais je fus incarcéré, hospitalisé, mis à l’asile. On me qualifia de schizophrène. Je dû vivre selon leurs règles, celles des spécialistes, des docteurs. Je m’enfuis. ». Alan vomit. « Je vous ai choisi. Vous êtes le seul qui puisse m’aider. Vous les verrez sous peu. Vous assisterez à ma libération. ». L’homme ouvrit la bouche d’Alan et y versa un liquide incolore. Il s’assit sur une chaise en face d’Alan. « De nombreuses heures ils m’ont accompagnés dans cette pièce. Tous ces dessins sont leurs représentations. Vous les verrez. Vous les entendrez. ». Des minutes passèrent. Alan vit flou. Puis il perçu un autre monde. L’espace et le temps semblaient être altérés. Il observa l’homme, puis vit sa tête se fendre. Lentement, son cerveau en émergea. Ce ne pouvait pas être vrai, ce liquide était certainement un hallucinogène. Puis, il les vit. Les monstres, les créatures, les démons sortirent du cerveau de l’inconnu et se mirent à envahir la pièce. Du feu, du sang, la peur, la folie. Alan entendit toutes ces voix, ces voix qui se mirent à crier, à hurler, à lui ordonner d’avoir mal. Il vit des masses qui grouillaient sous sa peau, des doigts ensanglantés qui sortaient de ses bras. Il voulu les faire partir. Il se mordit si fort que sa peau déchira, laissant s’en échapper toutes les limaces, les araignées qui s’y trouvaient. Des bruits de mort entrèrent par ses oreilles et explorèrent son corps. Il sentit des mains glacées dans son dos voulant se frayer un passage jusqu’à sa colonne vertébrale. Il ne se rendit même pas compte qu’il avait déféqué. « Laissez-moi tranquille. », finit-il par sangloter après qu’un démon lui ait ordonné d’arracher ses ongles d’orteils. L’inconnu était moins effrayé que lui. Alan le regarda pour la première fois et y vit un homme tout de noir vêtu avec des yeux rouge sang. L’homme parla, sa bouche ressemblait à un gouffre de braises ardentes. « C’est l’heure du transfert », annonça-t-il avec une voix qu’Alan perçu comme diabolique. Moore sentit son crâne se fendre, ce qui provoqua en lui une douleur tellement intense qu’elle en était indescriptible. Il vit les créatures quitter la pièce peu à peu pour venir se réfugier dans sa tête. Lorsque les derniers tentacules pénétrèrent son crâne, celui-ci se referma. Alan s’évanouit. Il reprit conscience, se rendit compte qu’il était trempé de sueur et qu’il avait uriné et déféqué durant le cauchemar qu’il venait de vivre. L’inconnu se plaça devant lui. « Je crois que je suis enfin libre, Dr. Moore. J’ai appelé la police, ils viennent vous chercher dans quelques minutes. » Je leur ai dit qu’un psychopathe m’avait emmené dans sa maison et que j’avais réussi à le faire prisonnier dans une sorte de salle psychédélique.

Alan réussit à contrer la sécurité de l’asile et passa les grilles sans trop de difficulté. Il se mit à courir le plus vite qu’il pouvait. Après dix bonnes minutes de course, il trouva une cabine téléphonique. Il composa le bon numéro. « Clinique du Dr. Sailer, que puis-je pour vous ? ». Alan répondit. « Je voudrais parler au Dr. Sailer s’il vous plaît. ». « Un instant. ». Une voix grave répondit. « Dr. Sailer, j’écoute. ». « Bonjour j’ai besoin de vous voir, j’ai l’impression qu’ils vont revenir d’une minute à l’autre, s’il vous plait vous êtes le seul qui puisse m’aider. ». Le docteur perçu une certaine détresse dans la voix de l’inconnu. Il répondit. « Q...Q...Qui êtes-vous ? ».