Que penser des Jeux Olympiques de Pékin ?

JO: l'Internet toujours censuré pour les journalistes à Pékin

PEKIN - Les organisateurs des Jeux olympiques de Pékin sont revenus sur une de leurs promesses en maintenant une censure de certains sites Internet dans le centre de presse et sur les lieux de compétition où les journalistes travailleront.

Les sites bloqués rendront difficile le travail de recherche de l'information, particulièrement sur des sujets politiques ou concernant les droits de l'Homme, des domaines très sensibles aux yeux du gouvernement chinois.

Mardi, des sites comme ceux d'Amnesty International ne pouvaient être ouverts dans le centre de presse, qui accueillera environ 5'000 journalistes de presse écrite quand les Jeux débuteront le 8 août. Les recherches concernant des sites contenant le mot Tibet dans l'adresse étaient également impossibles.

''Ce type de censure aurait été impensable à Athènes, mais la Chine semble avoir davantage de formalités'', a réagit Mihai Mironica, un journaliste de la chaîne de télévision roumaine ProTV. ''Si les journalistes ne peuvent pas avoir un accès total à Internet ici, ça va forcément poser problème.''

Avec cette censure de l'Internet, c'est une nouvelle promesse concernant la liberté de la presse que ne tient pas Pékin. En se déclarant candidats à l'organisation des Jeux olympiques il y a sept ans, les responsables chinois avaient affirmé que les médias auraient ''une liberté totale de reportage''.

Et au mois d'avril, les membres du CIO supervisant les Jeux, Hein Verbruggen et Kevan Gosper, avaient déclaré qu'ils avaient reçu l'assurance de responsablea chinois que la censure serait levée pour les journalistes pendant les Jeux. M. Gosper a cependant clarifié ses propos mardi. Il a déclaré que l'Internet libre accès concernait seulement les sites liés aux ''compétitions olympiques''.

''Ma préoccupation et ma responsabilité sont d'assurer que les compétitions des Jeux soient relatées ouvertement au monde'', a-t-il dit.

''Les modifications réglementaires négociées avec le BOCOG (NDLR: le comité d'organisation) et qui ont demandé des changements de la loi chinoise étaient en rapport avec la couverture des Jeux'', a ajouté M. Gosper. ''Ça ne s'étendait pas nécessairement à un accès libre et à du reportage sur tous les sujets concernant la Chine''.

Des responsables du CIO avaient annoncé que l'Internet serait opérationnel ''au moment de la période des Jeux'', qui a débuté dimanche dernier avec l'ouverture du village olympique.

Amnesty Internatinal a par ailleurs publié mardi un rapport accusant la Chine de ne pas avoir progressé sur la question du respect des droits de l'Homme avant les Jeux olympiques.

L'historien des JO David Wallechinsky a critiqué la décision du CIO d'avoir attribué les Jeux à la Chine. Il s'est souvent rendu dans le pays au cours des trente dernières années. Selon lui, le CIO et ses sponsors se sont volontairement focalisés sur l'économie en pleine croissance de la Chine. ''Ça fait tellement d'argent que le CIO a simplement fermé les yeux'', a déclaré Wallechinsky pour qui le ''le CIO voulait croire que tout allait bien se passer et personne n'était là quand il le fallait.

Le Comité international olympique affirme que les Jeux sont un événement sportif et qu'il ne peut pas intervenir dans les dossier politiques. Mais ses détracteurs l'accusent de ne pas avoir réussi à contraindre la Chine à tenir ses promesses faites il y a sept ans.

''C'est vraiment triste de voir que le CIO a échoué de ce point de vue-là'', a estimé Vicent Brossel, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.